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LA JOIE COMME BOUSSOLE, LA SOUFFRANCE COMME SIGNAL!

Dernière mise à jour : 24 juil.


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Et si la souffrance n'était pas la voie ?


Beaucoup d’entre nous ont grandi avec l’idée profondément ancrée qu’il faut souffrir pour mériter, qu’un accomplissement véritable se paye forcément au prix fort. Cette croyance, en apparence noble, s’est infiltrée dans les mentalités à travers des siècles d’influence religieuse, morale et culturelle. Elle s’exprime dans des dictons populaires : « On n’a rien sans rien », « No pain, no gain », « Il faut souffrir pour être belle », « Ce qui ne tue pas rend plus fort ». 

Derrière ces phrases toutes faites, se cache une vision du monde où la douleur serait la preuve de l’engagement, voire une condition d’accès au bonheur.

Mais cette vision mérite d’être interrogée. Car si l’on regarde de près, elle entretient une forme de malentendu : la souffrance est un signal, pas un passage obligé.


1. Aux origines de la croyance : entre héritage moral et confusion spirituelle

L’influence judéo-chrétienne a souvent valorisé l’effacement de soi, la pénitence, la discrétion, la modestie à outrance — parfois même la culpabilité comme moyen d’accès au salut. Le Christ, figure de l’innocent souffrant, a incarné pour beaucoup une figure d’inspiration… mais aussi une confusion : celle de croire que souffrir rend digne, voire purifie.

Mais les Évangiles eux-mêmes ne glorifient pas la douleur : ils la reconnaissent, la traversent, mais n'en font pas une condition de valeur. Le message originel n’est pas « souffre pour mériter », mais « choisis l’amour, même dans la douleur ». Ce n’est pas pareil.

D’un point de vue théologique, il est important de rappeler ce que le théologien Maurice Zundel écrivait : « Dieu ne veut pas notre souffrance, mais notre accomplissement. » Or, confondre le mérite avec la souffrance revient à nier que la vie puisse être fluide, joyeuse, simple — et néanmoins féconde.


2. Les racines psychologiques de la glorification de la souffrance

Psychologiquement, la souffrance donne un statut. Elle devient un justificatif : « Si j’ai souffert, alors j’ai le droit de réussir. » Cela rassure une part de nous qui doute d’avoir de la valeur sans cela. Ce mécanisme repose souvent sur une faible estime de soi, héritée d’enfances où la reconnaissance n’était accordée qu’après effort, douleur, performance ou sacrifice.

Résultat : la facilité semble suspecte. La joie devient suspecte. La lumière intérieure devient gênante. On apprend à préférer la discrétion à la puissance, l’effacement à la pleine présence. On glorifie l’humilité… mais on en fait un effacement de soi, au lieu de la voir comme une justesse de soi.


3. Mais qu’est-ce que l’humilité, vraiment ?

On confond souvent l’humilité avec la négation de soi. Or, l’humilité véritable n’est ni la dévalorisation, ni le rabaissement. Être humble, c’est être en vérité : reconnaître à la fois ce que je suis et ce que je ne suis pas. Cela inclut mes forces, mes talents, ma lumière, sans les exagérer, ni les cacher.

Refuser de reconnaître ses dons, ses intuitions, ses compétences, n’est pas de l’humilité : c’est parfois de la peur, ou une forme de fidélité inconsciente à un système où l’on devait rester petit pour être aimé. Et cela, ce n’est pas honorer la vie.

« Nul ne devrait se faire plus petit qu’il n’est, car cela n’aide pas le monde. » écrivait Marianne Williamson . Plus précisément elle écrivait :

« Notre peur la plus profonde n’est pas que nous ne soyons pas à la hauteur.

Notre peur la plus profonde est que nous sommes puissants au-delà de toute mesure.

C’est notre lumière, pas notre obscurité, qui nous effraie le plus.

Nous nous demandons : qui suis-je pour être brillant, magnifique, talentueux et fabuleux ?

En fait, qui êtes-vous pour ne pas l’être ?

Vous êtes un enfant de Dieu.

Vous restreindre, vivre petit, ne rend pas service au monde.

Se diminuer pour que les autres se sentent plus à l’aise n’est pas une preuve de sagesse. »

(A Return to Love: Reflections on the Principles of A Course in Miracles (1992), chapitre 7, section 3 : “Personal Power”).

Votre lumière ne gêne pas. Elle inspire.


4. Ce que cache le besoin de souffrir : peur de briller, peur d’échouer sans excuse

Si je souffre, je peux justifier ma réussite. Si je souffre, je mérite d’être aimé. Si je souffre, on ne peut pas dire que c’était facile — je peux assumer plus facilement mon succès.

Mais oser réussir dans la joie ? Accomplir des choses avec fluidité, inspiration, bonheur ? Cela oblige à accepter que je suis peut-être légitime, même sans sacrifice.

Et pour beaucoup, c’est plus insécurisant encore que la souffrance. 

Parce que cela signifie se confronter à la possibilité de sa pleine puissance, de sa beauté, de sa brillance. Cela signifie prendre sa place.

Cela implique aussi d’en assumer la responsabilité.


5. Et si l’évolution n’exigeait pas la douleur, mais l’écoute ?

La souffrance peut être un messager. Elle indique souvent un désalignement, une tension, un refus de voir quelque chose. Mais elle n’est pas un prérequis.

L’évolution intérieure peut passer par la douceur, la joie, la légèreté, si je consens à m’écouter en profondeur.


Et si nous osions croire que :

  • Ce qui est bon, fluide et doux est compatible avec la croissance ?

  • La réussite peut être un prolongement de ce qui est naturel, aligné, vivant ?

  • La vie peut m’élever sans m’user ?


Conclusion : Honorer la vie, c’est honorer qui vous êtes!

Se dénigrer, se rabaisser, faire semblant d’être moins que ce que l’on est… ce n’est pas de la sagesse. C’est souvent de la peur déguisée. La vraie humilité n’est pas dans l’effacement, mais dans la présence juste.

La souffrance n’est pas un prérequis, ni une preuve de mérite. Elle est avant tout un signal, une invitation à l’attention. Elle surgit souvent lorsque quelque chose en nous n’est plus aligné : entre ce que nous faisons et ce que nous sommes profondément, entre notre rythme et nos besoins, entre notre histoire et notre présent.

Charles Pépin parle de la vertu de la bifurcation : ces moments de douleur sont parfois les lieux mêmes où notre vie appelle un réajustement. La souffrance devient alors une balise intérieure, une tension qui nous murmure qu’il est temps de ralentir, de reconsidérer, de choisir autrement. Elle peut nous recentrer, nous guider vers une vie plus juste.

Mais il est essentiel de le rappeler : ce n’est pas parce que la douleur peut nous faire changer qu’elle est nécessaire pour évoluer.

Trop souvent, nous n’osons transformer notre vie qu’au prix d’un épuisement, d’une crise, d’un effondrement. Comme si la joie n’était pas un guide fiable. Comme si le bien-être devait se mériter à travers l’épreuve.

Pourtant, il est possible de choisir la bifurcation sans attendre la cassure. Il est possible d’écouter les frémissements de la joie, les signes subtils de l’inspiration, les appels du corps en santé. La vie peut nous réorienter en douceur, si nous lui prêtons attention avant qu’elle ne crie.

Peut-être que la véritable sagesse est là : dans cette capacité à ne plus faire de la souffrance notre boussole, mais à accorder à la joie, à la simplicité, à la fluidité, une légitimité nouvelle pour guider nos pas.


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